Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/340

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faire successivement sur l’instruction morale des individus confiés à leurs soins et soumis à leur autorité, l’importance que ces mêmes hommes attachaient à dominer les opinions et les sentiments encore plus que les actions, ont dû à la longue leur faire naître des idées utiles à leurs projets, et qu’on peut employer avec succès pour des vues plus grandes et plus désintéressées. Tel est l’usage d’un examen de conscience habituel destiné à faciliter les progrès de la vertu, en montrant ou ceux que l’on a faits ou les obstacles qui les ont retardés.

Cette idée peut être applicable jusqu’à un certain point à la masse entière de la société. Il serait facile de former un tableau simple et raisonné des actions bonnes et mauvaises vers lesquelles on est porté par les circonstances communes de la vie, en plaçant à côté de chacune les motifs qui doivent déterminer à l’éviter ou à la faire, en indiquant le principe de morale auquel elle se rapporte, les suites qu’elle peut entraîner. Ce tableau ne renfermerait pas les violations graves, réfléchies, des règles de la morale, mais les petites atteintes qu’on s’accoutume à y porter, les habitudes qui y conduisent, les imprudences qui y exposent. En se rappelant une telle action, on verrait quel principe la condamne, et en lisant ce principe, l’action par laquelle on l’a violé viendrait se replacer dans la mémoire et troubler la conscience ; car le tableau devrait être disposé de manière à pouvoir remplir ce double objet avec une égale facilité, et donner une réponse à ces deux questions :

Parmi les actions que j’ai faites, n’en est-il aucune