Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/371

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faire dans une telle vallée, et celui qu’il doit faire dans telle autre ; mais la prédiction ne serait pas la même pour toutes deux. Les phénomènes des marées, qui dépendent d’une cause générale plus simple, et dont l’effet est moins altéré par d’autres influences, ne suivent pas rigoureusement les mêmes lois ni dans les diverses mers, ni sur des côtes différentes, ni même sur tous les points d’une même côte ; mais la théorie générale rend raison de toutes ces inégalités. Aussi serait-ce tout au plus à ce point que l’on pourrait porter la perfection des présages météorologiques.

Une autre considération oblige d’insister sur cet objet ; c’est que les hommes de la campagne se sont déjà fait un art de prédire qui, bien que dénué de toute vraie méthode, et souvent dirigé par des préjugés, n’est pas absolument chimérique. Il est impossible de les empêcher de s’y livrer ; et dès lors il devient nécessaire de leur apprendre à le perfectionner. Les signes naturels qui servent de base à leurs présages peuvent éclairer sur les conséquences qui résultent des observations faites avec les instruments, comme l’usage de ces instruments peut leur apprendre à faire de ces mêmes présages un usage plus sûr. J’aimerais à trouver dans chaque ferme un thermomètre, un baromètre, un hygromètre, et dans quelques-unes, un électromètre, enfin, un registre où le cultivateur aurait écrit ses remarques ; à le voir se servir de ses propres lumières, juger les traditions antiques comme les opinions modernes, et s’élever à la dignité d’homme par sa raison comme par ses mœurs.