Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/378

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pour les moyens ; leurs gymnases créèrent des athlètes et cessèrent de former des soldats. À Rome, on fut plus fidèle à l’objet de l’institution, et jusqu’aux derniers temps de la république, les plaisirs de la jeunesse furent l’école de la guerre. Chez nous, c’est à diminuer l’influence dangereuse des métiers sédentaires sur la force et la beauté de l’espèce humaine, à corriger l’effet de ceux qui courbent l’homme vers la terre, à maintenir entre les diverses parties du corps l’équilibre rompu dans la plupart de ces travaux, que doivent tendre surtout ces mêmes exercices. Chez les anciens, ces métiers qui rendent l’homme moins propre aux travaux guerriers, étaient réservés aux esclaves ; c’était à des citoyens oisifs, à des hommes occupés de cultures qui développent tous les membres, que les exercices du gymnase étaient destinés. Assez heureux pour que notre liberté ne soit pas souillée par le crime, ce sont des mains libres qui exercent tous les métiers, qui cultivent tous les arts, et ce sont surtout les hommes dont les corps ont été pliés aux habitudes de ces métiers que notre gymnastique doit avoir en vue. Les jeunes gens se prépareraient à se distinguer dans ces fêtes, et on n’aurait pas besoin de plus d’appareil pour introduire dans l’éducation l’usage des exercices utiles. Tout, dans ces fêtes, respirerait la liberté, le sentiment de l’humanité, l’amour de la patrie ; on aurait soin de ne pas trop en laisser multiplier le nombre, et on se rendrait difficile pour leur accorder le nom imposant de fêtes publiques. On jugerait avec solennité si tel homme, si telle action, tel évé-