Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/384

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eux les enfants, formés dans les premiers temps, sauront mieux surveiller l’éducation de leur famille et donneront quelques maîtres dont l’esprit s’accordera mieux avec celui de l’institution. Dans une seconde génération, elle se perfectionnera encore. Enfin, dans une troisième, la révolution pourra s’achever ; mais dans l’intervalle, on aura déjà joui d’avantages d’autant plus grands qu’on sera parti de plus loin ; et comme ici les générations se pressent, et qu’on peut les évaluer à douze ans, durée de l’éducation la plus longue, on voit que la postérité pour laquelle on aura travaillé n’est pas cependant assez éloignée de nous pour qu’il y ait de la philosophie à s’occuper d’elle.

Qu’il me soit permis de présenter à ceux qui refusent de croire à ces perfectionnements successifs de l’espèce humaine un exemple pris dans les sciences où la marche de la vérité est la plus sûre, où elle peut être mesurée avec plus de précision. Ces vérités élémentaires de géométrie et d’astronomie qui avaient été dans l’Inde et dans l’Égypte une doctrine occulte, sur laquelle des prêtres ambitieux avaient fondé leur empire, étaient dans la Grèce, au temps d’Archimède ou d’Hipparque, des connaissances vulgaires enseignées dans les écoles communes. Dans le siècle dernier, il suffisait de quelques années d’étude pour savoir tout ce qu’Archimède et Hipparque avaient pu connaître ; et aujourd’hui deux années de l’enseignement d’un professeur vont au-delà de ce que savaient Liebniz ou Newton. Qu’on médite cet exemple, qu’on saisisse cette chaîne qui s’étend d’un