Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/438

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géomètres ont résolus, toutes les vérités qu’ils ont prouvées, toutes les théories qu’ils ont établies, toutes les méthodes qu’ils ont données. On y joindrait toutes les applications de ces théories à la philosophie, à la politique, à l’astronomie, à la physique, à la mécanique, aux arts, et en même temps l’indication de toutes les machines, de tous les métiers, de tous les instruments connus. On voit aisément comment on peut former ce même tableau pour les sciences naturelles, et comment il servirait à montrer la richesse ou la pauvreté réelle de chacune d’elles. Le même travail s’exécuterait également pour les sciences morales, pour les antiquités, pour l’histoire ; mais à mesure qu’on s’éloignerait des vérités simples des mathématiques pures, il deviendrait bien plus difficile ; il contracterait quelque chose de plus arbitraire, de plus incertain, de moins immuable. Une vérité mathématique une fois inscrite dans cet ouvrage pourrait y rester toujours, ou du moins n’en sortir que pour se perdre dans la vérité plus générale qui la renferme ; mais dans les autres sciences, il faudrait effacer quelquefois ce que l’on a cru savoir le mieux, parce que les vérités n’y sont en général que le résultat des faits connus, résultats qui peuvent être changés par la découverte de faits nouveaux. Les conséquences les mieux déduites des observations sur les objets existants sont vraies seulement pour les idées que d’après ces mêmes observations on pouvait se former de ces objets ; elles peuvent donc cesser de l’être, lorsque le temps aura donné des mêmes objets une idée plus complète. Indé-