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réponse

la constitution la plus libre, la plus égale, la plus heureusement combinée qui existe en Europe. Aujourd’hui, que ce voile est déchiré, et que la calomnie, enchaînée quelque temps par la crainte du peuple, ose élever la voix, et prouve, par ses cris mêmes, le retour de la liberté, c’est, au contraire, un devoir, non de défendre l’assemblée nationale, mais de discuter ses opérations, et de la venger des outrages de la tyrannie expirante, par un examen impartial et sévère.

Je reste sous le voile de l’anonyme, pour qu’on juge mes raisons en elles-mêmes, et non d’après l’opinion qu’on aurait pu se former d’avance sur l’auteur ; qu’on y voie ce qu’il pense, sans y chercher de prétendues intentions personnelles. Ce voile est surtout utile à garder dans un temps où, malgré tous les efforts pour conserver une exacte impartialité, on est placé dans un des partis, par l’opinion qui se partage entre eux, et où, s’il est possible de tenir une balance égale, personne ne peut se flatter d’en avoir la réputation.

Il est aisé, dira-t-on, de lever ce voile : oui, sans doute, mais seulement pour un petit nombre d’écrivains qui ont une manière à eux seuls, dont les principes sont connus, et qui attachent à chacun de leurs écrits, ou le système de leurs opinions, ou le cachet de leur style ; les autres sont reconnus seulement par leur société, que souvent ils appellent le public, mais qui jamais n’en est qu’une très-faible partie : d’ailleurs, des observations générales deviennent facilement des personnalités, à l’aide de