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Ils vendoient à la politique des oracles ou des augures ; ils pouvoient précipiter les peuples dans des guerres, leur dicter des crimes ; mais ils n’exerçoient aucune influence, ni sur le gouvernement, ni sur les lois.

Quand les peuples, sujets d’un même empire, eurent une communication habituelle, et que les lumières eurent fait par-tout des progrès presque égaux, les hommes instruits s’apperçurent bientôt que tous ces cultes étoient celui d’un dieu unique, dont les divinités si multipliées, objets immédiats de l’adoration populaire, n’étoient que les modifications ou les ministres.

Cependant, chez les Gaulois, et dans quelques cantons de l’Orient, les Romains avoient trouvé des religions d’un autre genre. Là, les prêtres étoient les juges de la morale : la vertu consistoit dans l’obéissance à la volonté d’un dieu, dont ils se disoient les seuls interprètes. Leur empire s’étendoit sur l’homme tout entier ; le temple se confondoit avec la patrie ; on étoit adorateur de Jéhova ou d’Œsus, avant d’être