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On a connu le moyen de parler aux nations dispersées. On a vu s’établir une nouvelle espèce de tribune, d’où se communiquent des impressions moins vives, mais plus profondes ; d’où l’on exerce un empire moins tyrannique sur les passions, mais en obtenant sur la raison une puissance plus sûre et plus durable ; où tout l’avantage est pour la vérité, puisque l’art n’a perdu sur les moyens de séduire qu’en gagnant sur ceux d’éclairer. Il s’est formé une opinion publique, puissante par le nombre de ceux qui la partagent ; énergique, parce que les motifs qui la déterminent agissent à la fois sur tous les esprits, même à des distances très-éloignées. Ainsi, l’on a vu s’élever, en faveur de la raison et de la justice, un tribunal indépendant de toute puissance humaine, auquel il est difficile de rien cacher et impossible de se soustraire.

Les méthodes nouvelles, l’histoire des premiers pas dans la route qui doit conduire à une découverte, les travaux qui la préparent, les vues qui peuvent en donner l’idée ou seulement inspirer le désir de la chercher, se répandant avec promptitude,