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partisans des nouvelles doctrines ; et la réforme eût délivré du joug de Rome tous les peuples qui l’habitent, si la fausse politique de quelques princes n’eût relevé ce même sceptre sacerdotal, qui s’étoit si souvent appesanti sur la tête des rois.

Leur politique, que malheureusement leurs successeurs n’ont pas encore abjurée, étoit alors de ruiner leurs états pour en acquérir de nouveaux, et de mesurer leur puissance par l’étendue de leur territoire, plutôt que par le nombre de leurs sujets.

Aussi, Charles Quint et François Ier, occupés de se disputer l’Italie, sacrifièrent-ils à l’intérêt de ménager le pape, celui de profiter des avantages qu’offroit la réforme aux pays qui sauroient l’adopter.

L’empereur, voyant que les princes de l’empire favorisoient des opinions, qui devoient augmenter leur pouvoir et leurs richesses, se rendit le protecteur des anciens abus, dans l’espoir qu’une guerre religieuse lui offriroit une occasion d’envahir leurs états et de détruire leur indépendance.