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mais été, ni bien connus, ni bien éclaircis.

Indignés de voir les peuples opprimés jusques dans le sanctuaire de leur conscience par des rois, esclaves superstitieux ou politiques du sacerdoce, quelques hommes généreux osèrent enfin examiner les fondemens de leur puissance ; et ils révélèrent aux peuples cette grande vérité, que leur liberté est un bien inaliénable ; qu’il n’y a point de prescription en faveur de la tyrannie, point de convention qui puisse irrévocablement lier une nation à une famille ; que les magistrats, quels que soient leurs titres, leurs fonctions, leur puissance, sont les officiers du peuple, et ne sont pas ses maîtres ; qu’il conserve le pouvoir de leur retirer une autorité émanée de lui seul, soit quand ils en ont abusé, soit même quand il cesse de croire utile à ses intérêts de la leur conserver : qu’enfin il a le droit de les punir, comme celui de les révoquer.

Telles sont les opinions qu’Althusius, Languet, et depuis Néedham, Harrington, professèrent avec courage et développèrent avec énergie.

Payant