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la soumission à l’autorité humaine, le respect pour les choses anciennes, sembloit destiner à soutenir la cause des préjugés nuisibles ; l’érudition a cependant aidé à les détruire, parce que les sciences et la philosophie lui ont prêté le flambeau d’une critique plus saine. Elle savoit déjà peser les autorités, les comparer entre elles ; elle a fini par les soumettre elles-mêmes au tribunal de la raison. Elle avoit rejetté les prodiges, les contes absurdes, les faits contraires à la vraisemblance ; mais en attaquant les témoignages sur lesquels ils s’appuyoient, elle a su depuis les rejeter, malgré la force de ces témoignages, pour ne céder qu’à celle qui pourroit l’emporter sur l’invraisemblance physique ou morale des faits extraordinaires.

Ainsi, toutes les occupations intellectuelles des hommes, quelques différentes qu’elles soient par leur objet, leur méthode, ou par les qualités d’esprit qu’elles exigent, ont concouru aux progrès de la raison humaine. Il en est, en effet, du systême entier des travaux des hommes, comme d’un ouvrage bien fait, dont les parties, distinguées avec méthode, doivent être cependant