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forment un systême déjà trop immense, pour que jamais l’esprit humain puisse le saisir tout entier, pour qu’une portion de ce systême, toujours plus vaste que celle qu’il aura pénétrée, ne lui reste toujours inconnue. Mais on a pu croire que l’homme ne pouvant jamais connoître qu’une partie des objets auxquels la nature de son intelligence lui permet d’atteindre, il doit cependant rencontrer enfin un terme où le nombre et la complication de ceux qu’il connoît déjà, ayant absorbé toutes ses forces, tout progrès nouveau lui deviendroit réellement impossible.

Mais comme à mesure que les faits se multiplient, l’homme apprend à les classer, à les réduire à des faits plus généraux ; comme les instrumens et les méthodes qui servent à les observer, à les mesurer avec exactitude, acquièrent en même-temps une précision nouvelle ; mais comme à mesure que l’on connoît, entre un plus grand nombre d’objets, des rapports plus multipliés, on parvient à les réduire à des rapports plus étendus, et les renfermer sous des expressions plus simples, à les présenter