Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(372)

tion exercera sa curiosité, son admiration, sur celles qui méritent la préférence ; tandis qu’insensiblement les autres tomberont dans l’oubli ; et ces jouissances, dues à ces beautés plus simples ; plus frappantes qui ont été saisies les premières, n’en existeront pas moins pour les générations nouvelles, quand elles ne devroient les trouver que dans des productions plus modernes.

Les progrès des sciences assurent les progrès de l’art d’instruire, qui eux-mêmes accélèrent ensuite ceux des sciences ; et cette influence réciproque, dont l’action se renouvelle sans cesse, doit être placée au nombre des causes les plus actives, les plus puissantes du perfectionnement de l’espèce humaine. Aujourd’hui, un jeune homme, au sortir de nos écoles, sait en mathématiques, au-delà de ce que Newton avoit appris par de profondes études, ou découvert par son génie ; il sait manier l’instrument du calcul avec une facilité alors inconnue. La même observation peut s’appliquer à toutes les sciences, cependant avec quelque inégalité. À mesure que chacune d’elles s’agrandit, les moyens de resserrer dans un plus