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Dans les premières époques, l’éducation fut purement domestique. Les enfans s’instruisoient auprès de leur père, soit dans les travaux communs, soit dans les arts qu’il savoit exercer, recevoient de lui le petit nombre de traditions qui formoient l’histoire de la peuplade et celle de la famille, les fables qui s’y étoient perpétuées, la connoissance des usages nationaux, et celle des principes ou des préjugés qui devoient composer leur morale grossière.

Ils se formoient dans la société de leurs amis au chant, à la danse, aux exercices militaires. À l’époque où nous sommes parvenus, les enfans des familles plus riches reçurent une sorte d’éducation commune, soit dans les villes par la conversation des vieillards, soit dans la maison d’un chef auquel ils s’attachoient. C’est là qu’ils s’instruisoient des lois du pays, de ses usages, de ses préjugés, et qu’ils apprenoient à chanter les poèmes dans lesquels on en avoit renfermé l’histoire.

L’habitude d’une vie plus sédentaire avoit établi entre les deux sexes une plus