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roïques, dont un mélange de grandeur et de férocité, de générosité et de barbarie, rend le tableau si attachant, et nous séduit encore au point de les admirer, même de les regretter.

Le tableau de celles qu’on observe dans les empires fondés par les conquérans, nous présente au contraire toutes les nuances de l’avilissement et de la corruption, où le despotisme et la superstition peuvent amener l’espèce humaine. C’est là que l’on voit naître les tributs sur l’industrie et le commerce, les exactions qui font acheter le droit d’employer ses facultés à son gré, les lois qui gênent l’homme dans le choix de son travail et dans l’usage de sa propriété, celles qui attachent les enfans à la profession de leurs pères, les confiscations, les supplices atroces ; en un mot, tout ce que le mépris pour l’espèce humaine a pu inventer d’actes arbitraires, de tyrannies légales et d’atrocités superstitieuses.

On peut remarquer que dans les peuplades qui n’ont point éprouvé de grandes révolutions, les progrès de la civilisation se sont