Page:Conférence de la Paix - Mémoire présenté par la Délégation coréenne, 1919.djvu/23

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ont toujours usé de leur grande influence pour persuader aux Coréens de se soumettre à la loi japonaise. Il a été souvent dit, en effet, que, sans la présence des Missionnaires, une révolution aurait éclaté au moment de l’annexion de la Corée par le Japon. Les Japonais le savent parfaitement, mais ils ne peuvent admettre une situation où il est dans le pouvoir d’étrangers de faire ou de ne pas faire une révolution parmi leurs sujets. La fierté nationale japonaises exige la suprématie japonaise sur les territoires du Japon. Un fonctionnaire japonais qui se voit supplanté par un missionnaire Américain devient immédiatement plus ou moins inconsciemment jaloux et il est capable de tout pour détruire cette situation préjudiciable au Japon ! »

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« Vers la fin de 1911, les suspicions des Japonais contre l’Église (chrétienne) commencèrent à se manifester par l’arrestation des principaux chrétiens coréens…… Un grand nombre d’hommes et d’enfants furent jetés en prison où ils restèrent des mois sans nourriture ni vêtement pour l’hiver, sans connaître ce dont on les accusait ; tout conseil d’avocat leur était interdit ! les arrestations eurent lieu partout et une grande quantité de ces chrétiens furent jetés dans les geôles…… le nombre de ces individus arrêtés et conduits à Séoul fut, d’après la « Séoul Press » du 9 Avril 1912, de 150. »

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« …… les autorités japonaises annoncèrent qu’elles avaient découvert une conspiration : le principal chef d’accusation contre ces hommes et ces jeunes gens était leur participation à un complot en vue d’assassiner le Gouverneur Général Comte Téraoutchi et qu’à la suite d’un premier interrogatoire sommaire par la police, ils avaient fait des « aveux » de culpabilité. Le procès public commença le 28 Juin 1912, devant la Cour de District de Séoul…… il est regrettable que ce procès prit un tel caractère, qu’il renforça toutes nos craintes des méthodes japonaises. La procédure fut tout particulièrement impressionnante pour un esprit occidental. Il fut interdit aux avocats de la Défense de communiquer avec leurs clients jusque peu avant les débats publics, c’est-à-dire, des mois après que l’Accusation eut préparé son instruction par des interrogatoires secrets des prisonniers. Lorsqu’il fut permis aux avocats défenseurs d’approcher leurs clients, l’entretient avait lieu en présence d’un agent de la police, de sorte que le pauvre prisonnier était sous l’empire de la crainte de ce que pourrait lui faire le geôlier, après coup, s’il disait des choses susceptibles de lui déplaire. Les énormes et volumineux dossiers de l’affaire ne furent jamais communiqués en temps utile à la défense, si ce n’est que trop tard pour qu’elle pût étudier à fond ou vérifier les faits allégués. À l’audience, toutes les questions posées aux témoins le furent à la merci et à la guise du Président. Le Jury étant inconnu au Japon, la durée du procès démontra que les juges avaient leur opinion faite avant les débats et qu’ils étaient en fait à la fois juges, jurés, huissiers-audienciers etc…… au fur et à mesure que le procès avançait l’hostilité et l’attitude peu équitable de la Cour étaient manifestement apparentes. Les innombrables questions posées par les juges n’étaient que des pièges tendus à ceux qu’ils jugeaient. Au moindre lapsus d’un Pasteur, le Président le traitait de « Pasteur de la doctrine mensongère de Jésus » en le congédiant aussitôt péremptoirement, et la Cour entière de s’esclaffer…… La perversion de la justice devint si grande et si manifeste que, le 17 Juillet suivant, le Conseil de la Défense refusa en bloc de continuer, et déclarant « qu’elle se voyait dans l’obligation d’exprimer son opinion que le procès ne suivait pas la procédure normale conformément à l’Art. 41 du Code d’Instruction Criminelle, pour l’Honneur de la Justice Impériale et pour la garantie de la Défense » ; la Défense demanda