Page:Conférences de l'Académie royale de peinture et de sculpture.pdf/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’Académie demeura pleinement persuadée de la force et de l’autorité d’un sentiment si judicieux, et y déférant avec autant de joie que de respect, elle a voulu qu’il soit pris à l’avenir pour un précepte positif et s’est fait un plaisir et un honneur de signer ce résultat.

COMMENTAIRE

La conférence de Philippe de Champaigne sur Éliézer et Rébecca fut prononcée par son auteur devant l’Académie le samedi 7 janvier 1668. Champaigne mourut en 1674 et son discours, comme on l’a vu, reçut les honneurs d’une lecture publique le 10 octobre 1682. Mais le texte de Champaigne ne nous est pas connu. Celui que nous publions n’est pas la conférence du peintre, mais l’analyse de cette conférence, œuvre de Guillet de Saint-Georges, premier historiographe de l’Académie, investi de cette fonction nouvelle le 30 janvier 1682. Il n’est pas inutile de faire observer à ce propos que Félibien, nommé conseiller honoraire en 1667, avait rempli l’office d’historiographe sans en porter le titre. D’ailleurs, dès le 20 avril 1669, les résumés faits par Félibien avaient été l’objet d’observations presque sévères de la part de l’Académie, assemblée sous la présidence de Colbert. Le zèle de Félibien en ressentit quelque atteinte et, les discours de ses confrères n’étant plus recueillis, un grand nombre ne nous seront connus que par leurs titres. L’Académie comprit-elle le tort qu’elle s’était fait à elle-même en décourageant un auxiliaire laborieux et capable ? Il est permis de le croire, et peut-être la charge d’historiographe n’eût-elle pas été créée en 1682 si, quinze ans auparavant, Félibien n’avait fait apprécier l’utilité de cette haute fonction.

Guillet de Saint-Georges débutera comme son prédécesseur par la rédaction du texte des conférences. Il ne tardera pas toutefois à y ajouter l’analyse des morceaux de réception de messieurs les membres de l’Académie, puis, en 1689, il rédigera des « Mémoires historiques » sur les académiciens décédés. Ces mémoires sont le meilleur titre de Guillet de Saint-Georges à la reconnaissance des lettrés et des artistes. La tradition de ces travaux utiles et curieux s’est perpétuée jusqu’à ce jour dans les « Éloges » que les secrétaires perpétuels lisent chaque année devant l’Académie des beaux-arts.

Dans le « Mémoire historique » consacré par Guillet de Saint-Georges à Philippe de Champaigne, nous apprenons que ce peintre prononça sept discours, à savoir « un sur le tableau de Titien repré-

»