Page:Conférences sur la reliure et la dorure des livres.djvu/30

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les ais dans l’épaisseur du dos, alors que l’effet obtenu est le plus souvent le résultat du hasard acquis par une pression plus ou moins forte.

Quand vous examinez la face du dos d’une reliure ancienne, vous ne pouvez vous rendre compte, à première vue, de la manière dont ce dos est obtenu, car les anciens avaient tourné la difficulté que leur occasionnait l’absence de mors, en amincissant en forme de biseaux le côté du plat destiné à recevoir les nerfs. C’est ce qui fait qu’en ouvrant les cartons, vous ouvrez en même temps, de chaque côté, une partie de la rondeur du dos. Cette manière avait le très grand inconvénient de provoquer, à brève échéance, l’usure de la peau à l’endroit de l’ouverture.

Nous allons maintenant laisser un peu de côté la question purement technique pour examiner la reliure dans sa décoration et dans ses coutumes, selon les différentes époques par lesquelles elle a successivement passé. Ce qui ne nous empêchera pas, quand l’occasion se présentera, de faire toucher du doigt les parties du métier qui s’offriront à nous comme originales, et formant des exceptions.

La reliure, à son origine, fut presque exclusivement fabriquée par les moines dans les couvents et dans les monastères. C’est du reste là que se sont trouvés réunis, pendant des siècles, les savants, les érudits et les artisans qui ont par la suite répandu sur le monde entier toutes les lumières de l’intelligence. Des travaux considérables sont sortis de ces associations; les manuscrits y étaient transcrits sur peau de vélin par le Scribe, quelquefois ils recevaient des peintures de l’Enlumineur et passaient ensuite dans les mains du Ligator ou relieur, qui réunissait les feuilles et