Page:Conférences sur la reliure et la dorure des livres.djvu/59

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jouter à leur établissement des ateliers de reliure. Leur travail, dénué de tout luxe, était consciencieusement établi, la pliure et la couture sur nerfs étaient bien traitées et les cartons étaient suffisamment forts pour donner toute garantie d’une longue durée. Du reste, les règlements qui régissaient la corporation étaient sévères et il était fort difficile de ne pas les observer; il fallait que toutes les qualités requises pour une bonne reliure fussent remplies.

La décoration d’alors était fort simple : un double encadrement de filets gras et maigres poussés à froid, accompagnés de fers Aldins en or dans les angles, le centre de chaque plat occupé par la marque du libraire frappée en or, constituaient la vraie reliure commerciale, celle qui servait à vendre les ouvrages. La marque qui figurait sur ces reliures était la même, ou le diminutif de celle que les chefs de maison étaient obligés de faire figurer au commencement ou à la fin de leurs éditions ; c’était leur signature, leur marque de fabrication et aussi de responsabilité, en cas de contravention aux règlements ; souvent elle était parlante, quelquefois même se lisait comme un rébus.

Parmi les libraires ou imprimeurs qui nous ont laissé de leurs œuvres, nous avons Charles Langelier, qui exerçait de 1535 à 1555. Il était le frère aîné d’Arnould, avec lequel il publia une quantité d’ouvrages. Nous avons retrouvé trois sortes de types-matrices ayant servi à l’estampage de ses reliures, de grandeurs différentes, utilisables pour divers formats ; le dessin n’est pas identiquement le même, mais l’idée de la composition est semblable : deux petits anges prosternés devant le sauveur du monde, qui, de la main droite les tient attachés par un lacet ; en exergue, on lit : Les Anges