Page:Conrad - Gaspar Ruiz, trad. Néel.djvu/122

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— Mr. Apse serra les deux mains de Mrs. Colchester, tant il était heureux d’entendre une bonne parole sur le compte de leur favorite. Tous les Apses, jeunes et vieux, vous savez, étaient entichés de cette abominable et dangereuse…

— Mais pardon, interrompis-je avec exaspération, car il semblait s’adresser exclusivement à moi. De qui donc parlez-vous donc ?

— Je parle de la Famille Apse, répondit-il avec courtoisie.

Je faillis laisser échapper un gros juron. Mais à ce moment précis, l’honorable Miss Blank passa la tête par la porte en disant que la voiture était arrivée et qu’il était temps pour M. Stonor de partir, s’il voulait attraper le train dé 11 h. 3.

Sur quoi, le maître pilote, se dressant dans toute son énormité, se mit à lutter, avec des soulèvements terrifiants pour entrer dans son manteau. L’étranger et moi courûmes instinctivement à son aide ; à peine eûmes-nous posé les mains sur lui qu’il se calma. Il nous fallut lever les bras très haut, avec de gros efforts ; on aurait dit que nous harnachions un éléphant domestiqué. Il lança un « Merci, Messieurs », et se pencha pour passer sous la porte en grande hâte.

Nous échangeâmes un sourire de sympathie. — Je me demande comment il fait pour se hisser sur une échelle ? fit l’homme au complet de drap, et le pauvre Jermyn, qui était pilote de la mer du Nord, sans aucun statut ou diplôme officiel, pilote par faveur, poussa un gémissement.

— Il se fait huit cents livres par an !

— Vous êtes marin ? demandai-je à l’étranger qui avait repris sa place devant le feu.

— Je l’ai été jusqu’à mon mariage, il y a deux ans d’ici, répondit ce personnage communicatif. C’est même sur le bateau dont nous parlions quand vous