Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/115

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épaules, pieds nus ruant en l’air, poings levés, dos culbutés, jambes, nattes et visages.

— « Bon Dieu ! » cria-t-il, horrifié, et il claqua la porte sur cette abominable vision.

Et c’est pour raconter cela qu’il était venu sur le pont. Il ne pouvait le garder pour lui ; or il n’y a vraiment qu’un seul homme à bord à qui il vaille la peine de se confier. Lorsque le maître d’équipage repassa par la coursive, les hommes pestèrent contre lui et le traitèrent d’imbécile. Pourquoi n’avait-il pas rapporté cette lampe ? Qui diable se souciait des coolies ?

Dès qu’il fut de nouveau dehors, la situation précaire où se trouvait réduit le navire était telle que ce qui se passait à l’intérieur lui parut bien peu important.

Sa première pensée fut qu’il venait de quitter la coursive au moment même où le Nan-Shan coulait. Les échelles de la passerelle avaient été emportées, mais une énorme lame qui emplit le pont arrière le souleva jusque là. Après quoi, il dut rester quelque temps à plat ventre accroché à