Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/123

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Le petit maître d’équipage jeta un coup d’œil par-dessous son bras.

Une des lampes s’était éteinte, brisée peut-être. Des cris gutturaux, hargneux, éclatèrent à leurs oreilles en même temps qu’un ahan étrange, le halètement de toutes ces poitrines tendues. Un coup rude frappa le flanc du navire ; l’eau tomba sur le pont avec un choc étourdissant ; à l’avant de la pénombre, là où l’air était épais et rougeâtre, Jukes vit une tête cogner violemment le plancher, deux gros mollets battre les airs, des bras musclés enlacer un corps nu, une face jaune, à la bouche grande ouverte, lever des yeux au regard fixe et farouche, puis disparaître en glissant. Un coffre vide se retourna bruyamment ; un homme pirouetta la tête la première, on l’eût dit lancé par un coup de pied ; plus loin, d’autres roulèrent, indistincts, comme précipités du haut d’un talus, avec force piétinements et gesticulation des bras et des jambes. L’échelle de l’écoutille était surchargée de coolies ; ils grouillaient comme des abeilles sur une branche ; ils pendaient aux