Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/138

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mouvant, les tôles varangues sous les pieds de Salomon Rout ; les parquets de caillebotis métallique au-dessus de sa tête, l’obscurité et les lueurs, tout ceci s’élevait et s’abaissait avec ensemble, suivant l’âpre remous des lames contre les flancs du navire. Le spacieux endroit tout entier, que la grande voix du vent faisait résonner sourdement, semblait se balancer comme un arbre, ou se renversait parfois complètement comme abattu de côté puis d’autre par les effroyables rafales.

— « Il faut vous dépêcher de monter », s’écria M. Rout dès qu’il vit Jukes apparaître à la porte de la chaufferie.

Jukes avait le regard ivre et vague ; sa figure rouge était bouffie comme s’il avait dormi trop longtemps. Le chemin pour arriver là avait été ardu ; il avait accompli le trajet avec une exténuante célérité, l’agitation de son esprit correspondant aux efforts de son corps. Il s’était précipité hors de la soute, se heurtant dans la coursive sombre à un groupe d’hommes effarés et terrifiés qui, comme il trébuchait contre eux, demandèrent en