Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/15

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Sa mère versa maintes larmes après sa disparition. Comme l’idée de laisser un mot derrière lui ne lui était pas venue à l’esprit, il fut pleuré comme mort jusqu’au jour où, huit mois après, sa première lettre arriva, datée de Talcahuano. Elle était courte ; on y lisait :

« Nous avons eu très beau temps pour la traversée. »

Évidemment, dans l’esprit de Mac Whirr fils, la seule nouvelle importante de sa lettre était celle-ci : son capitaine l’avait, le jour même, inscrit régulièrement comme matelot de pont, matelot de 3e classe : « parce que je puis faire le travail » expliquait-il.

La mère pleura de nouveau abondamment. Le père traduisit son émotion par ces mots :

— « Quel âne que ce Paul ! »

Mac Whirr père était un homme corpulent qui, jusqu’à la fin de ses jours exerça contre son fils une ironie latente, mêlée d’une ombre de pitié comme envers un être borné.

Les visites de Mac Whirr fils étaient