Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/160

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vant. Oui, vraiment, le Nan-Shan évoquait cette épave.

Il n’y avait plus de vent ; pas un souffle ; sauf de très légers courants d’air créés par les embardées du navire. La fumée rejetée par les cheminées retombait sur le pont ; en passant il la respira. Il sentit la pulsation délibérée des machines et entendit de faibles bruits qui semblaient avoir survécus au grand tumulte : les tintements d’accessoires brisés, la chute rapide de quelques débris sur la passerelle. Il perçut distinctement la forme trapue de son capitaine se retenant à une rambarde tordue, immobile et balancé comme s’il eût été cloué aux planches. La tranquillité inattendue de l’air oppressa Jukes :

— « C’est fait, capitaine. » dit-il haletant.

— « Je pensais bien » répondit Mac Whirr.

— « Vous pensiez bien, quoi ? » murmura Jukes à lui-même.

— « Le vent est tombé tout d’un coup » continua le capitaine.

Jukes éclata :