Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/180

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ses mâts et jusqu’au sommet de sa cheminée, « comme si son équipage (dit un marin facétieux) l’eût repêché du fond de la mer et l’eût amené ici pour recevoir la prime de sauvetage. » Il ajouta, excité par l’heureux effet de ses remarques spirituelles, qu’il en offrait cinq livres « sans inventaire. »

Le Nan-Shan n’était pas à quai depuis une heure, qu’un petit homme maigre au nez rouge, à la figure rageuse, débarquait d’un sampan sur le quai de la Concession Étrangère et se retournait incontinent pour lui montrer le poing.

Un grand individu aux jambes ridiculement maigres pour sa vaste bedaine et aux yeux liquides s’approcha en se dandinant :

— « Vous venez d’en sortir, hein ? » dit-il. « Pas été long… »

Il portait un complet de flanelle bleue couvert de taches ; aux pieds des souliers de cricket, tout boueux ; une moustache d’un gris jaunâtre retombait sur sa lèvre. Les bords de son chapeau, en deux endroits s’étaient détachés de la coiffe et laissaient paraître le jour.