Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

canaille) que j’avais perdu la tête. C’est le plus grand tas d’idiots et de mabouls qui ait jamais navigué. Non ! tu ne peux t’imaginer…

— Tu as reçu ta paye ? » demanda soudain son minable compagnon.

— « Oui. Il m’a réglé mon compte à bord. « Allez-vous en déjeuner à terre », m’a-t-il dit.

— Vieux grigou ! » commenta le grand individu d’un air vague et, passant sa langue sur ses lèvres : « Si on allait boire un coup ?

— Il m’a frappé ! » siffla le premier lieutenant rageusement.

— « Non ? Frappé ! Pas vrai ? » L’homme se mit à s’agiter avec sympathie : « On ne peut vraiment pas causer ici. Je voudrais savoir tous les détails. Frappé ! — Hein ? Cherchons quelqu’un pour porter ton coffre. Je connais un endroit bien tranquille où on peut avoir de la bière en bouteilles… »

M. Jukes qui scrutait le rivage à travers les jumelles du bord informa le mécanicien en chef que « notre ancien