Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/200

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» Après avoir longuement remué le problème dans sa cervelle, il envoya l’interprète de Bun-Hin expliquer aux Célestes la manière dont ceux-ci allaient pouvoir rentrer en possession de leur argent.

» Étant donné que tous ces coolies avaient travaillé au même endroit et durant un temps égal, il estimait que le plus équitable serait de partager également entre eux l’argent dont nous nous étions provisoirement emparés. C’est ce qu’il m’expliqua par la suite :

— « Peu importe que ce soit précisément son dollar à lui ou celui de l’autre ; tous les dollars sont pareils. S’informer auprès de chacun de la somme qu’il apportait à bord ? Ce serait les inviter à mentir et nous risquerions de nous trouver trop loin de compte à la fin. » En quoi j’estime qu’il avait raison. On aurait pu également remettre tout cet argent en bloc à un fonctionnaire chinois de Fou-Tchéou ; mais disait le vieux, « pour l’avantage qu’en auraient retiré ces hommes, autant mettre le tout dans notre poche » ; et sans doute c’eût été l’avis des coolies.