Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec une espèce de fureur réprimée, se trouva de nouveau sur la passerelle, son capitaine lui dit :

— « Il n’y manque rien, à ce drapeau.

— N’y manque rien ? » marmotta Jukes en se jetant à genoux devant un caisson, d’où il sortit rageusement une ligne de sonde de rechange.

— « Non ; j’ai cherché dans le livre. Longueur, deux fois la largeur, et l’éléphant exactement dans le milieu. Je me doutais bien qu’à terre, on saurait fabriquer le pavillon local. Cela va de soi. C’est vous qui êtes dans l’erreur, Jukes.

— Eh bien, capitaine » commença Jukes en se relevant d’un bond, « tout ce que je puis dire… » et ses mains tremblantes s’exaspéraient à démêler la glêne du fil de sonde,

— « Ça va bien. Ça va bien » reprit le capitaine en manière d’apaisement. Il était pesamment assis sur un petit pliant de toile qu’il affectionnait spécialement. « Tout ce que vous avez à faire, c’est de prendre soin qu’ils ne hissent pas l’éléphant la tête en bas tant qu’ils n’y sont pas tout à fait habitués. »