Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/36

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lui, du moins, avait assez d’imagination pour tenir son bureau fermé à clef.

Sa femme se délectait à son style. C’était un couple sans enfants et Mme Rout, grande personne joviale de quarante ans à poitrine opulente, occupait avec la vénérable et décrépite mère de M. Rout un petit cottage près de Teddington. Elle parcourait sa correspondance, au déjeuner du matin, avec des yeux animés, déclamant d’une voix joyeuse les passages susceptibles d’intéresser la vieille. Elle faisait précéder chaque extrait du cri avertisseur de : « Salomon dit : » car la vieille dame était sourde. Mme Rout fils avait aussi la manie de jeter à la tête des étrangers qui venaient la voir, des phrases entières des lettres de Salomon et, parfois, les visiteurs restaient quelque peu déconcertés par le ton bizarre et jovial de ces citations.

Le jour où le nouveau pasteur fit sa première visite au cottage, elle trouva l’occasion de lancer : « Comme dit Salomon : les mécaniciens qui naviguent, contemplent les merveilles de la nature marine. » Quand un soudain changement