Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les relations entre la « chambre des machines » et le « pont » du Nan-Shan étaient, comme on le sait, quasi fraternelles, aussi Jukes, se penchant sur la lisse, pria-t-il l’autre, d’un ton contenu, de ne pas faire l’imbécile : le patron était de l’autre côté de la passerelle. Mais le second tout mutiné déclara qu’il se fichait complètement de qui était de l’autre côté de la passerelle. Jukes, perdant alors brusquement son calme altier, invita le second en termes brutaux et emportés à monter arranger ces sales appareils à sa guise et à s’envoyer lui-même tout le vent qu’un âne de sa sorte pourrait trouver. Le second se jeta sur le ventilateur comme on se précipite au combat ; on eût dit qu’il voulait l’arracher, l’envoyer tout entier par-dessus bord ; mais tous ses efforts ne parvinrent qu’à faire pivoter le capuchon de quelques pouces ; après quoi, tout exténué par l’énorme dépense de forces, il s’appuya au dos de la timonerie et regarda Jukes venir à lui :

— « Seigneur ! » fit-il d’une voix faible. Il leva les yeux vers le ciel puis abaissa