Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/63

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le lieutenant tournant toujours le dos à Jukes. « C’est vous qui l’avez dit, remarquez-le bien ; ce n’est pas moi.

— Oh ! allez au diable », dit Jukes sans ambages ; l’autre fit entendre un petit gloussement de triomphe :

— « C’est vous qui l’avez dit ! » répéta-t-il.

— « Et puis, après ?

— J’ai connu des hommes vraiment remarquables qui ont eu à s’expliquer avec leurs patrons pour en avoir dit fichtrement moins », reprit le premier lieutenant fiévreusement. « Oh non ! vous ne m’y prendrez pas !

— Vous semblez diablement préoccupé de ne pas vous couper », dit Jukes qu’aigrissait une telle bêtise. « Je n’ai pas peur de dire ce que je pense, moi.

— Tandis que moi… Parbleu ! Je ne compte pas, je le sais de reste. »

Le navire après un temps de stabilité relative se lança dans une série de balancements renforcés, et Jukes fut d’abord trop occupé à maintenir son équilibre, pour ouvrir la bouche.