Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/76

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pied. Les souliers qu’il venait de quitter, gambadaient d’un bout à l’autre de la cabine, se culbutant et cabriolant comme deux caniches. Aussitôt debout Mac Whirr, rageusement, lança vers eux un coup de pied, mais sans résultat.

Alors il se fendit, à la manière d’un escrimeur, afin d’atteindre son ciré, puis s’y introduisit par saccades, trébuchant dans l’exiguité de la cabine. Très grave, les jambes écartées, le cou tendu, il entreprit d’attacher les cordons du surroît sous son menton, avec de gros doigts un peu tremblants. Il accomplissait tous les mouvements d’une femme devant une glace quand elle essaie sa coiffe, avec une attention soucieuse et restait aux écoutes, comme s’il se fut attendu d’un moment à l’autre à entendre crier son nom à travers la clameur confuse qui soudain avait envahi son navire. Cette clameur redoubla de violence tandis qu’il s’apprêtait à sortir pour faire face à quoique ce fût. Il en avait l’oreille emplie, et cela était fait de la ruée du vent, du fracas de la mer et de cette vibration de l’air, profonde et prolongée