Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/191

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qu’elle fût, parmi des cris de morts qui retentissaient de toutes parts ; Breydel, alors, se plaça menaçant devant le doyen des tisserands et fit tournoyer rapidement sa redoutable hache. À cette vue seulement, ses compagnons comprirent qu’il voulait protéger de Coninck ; ils abaissèrent leurs armes et devinrent attentifs à ce qui allait se passer, on n’entendit plus que quelques sourds et menaçants murmures.

Tandis que Breydel était occupé à rétablir le calme parmi eux, un héraut d’armes français se présenta au pied même du rempart sur lequel venait de se passer cette orageuse scène. L’attention des Brugeois irrités, se détourna immédiatement de de Coninck, pour se reporter sur le héraut d’armes. Celui-ci s’écria en s’adressant aux assiégés :

— Au nom de notre puissant souverain Philippe, roi de France, messire de Châtillon vous ordonne, par ma voix, de rendre la ville à merci. Si, dans un quart d’heure, vous n’avez pas répondu à cette sommation, vos murailles seront renversées et vos demeures détruites par le fer et par le feu.

Les regards de tous ceux qui avaient entendu cette sommation, se portèrent simultanément sur de Coninck ; et ils semblèrent implorer conseil de ce même homme qu’ils voulaient mettre à mort, un instant auparavant ; Breydel lui-même fixa sur de Coninck un œil interrogateur, mais personne n’obtint la réponse désirée. Le doyen des tisserands se tenait