Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le doyen des tisserands s’approcha fièrement du général français et lui dit :

— Messire comte, les bons bourgeois de la ville de Bruges vous font savoir par moi, leur ambassadeur, que, pour éviter une inutile effusion de sang humain, ils ont résolu de vous livrer la ville. Mais comme ce sentiment d’humanité les pousse seul à la soumission, ils m’ont chargé de vous proposer les conditions suivantes : 1o les frais de l’entrée du roi ne seront pas prélevés sur le tiers état par un nouvel impôt ; 2o les magistrats actuels seront destitués, et nul ne pourra être poursuivi du chef de rebellion. Veuillez me dire, monseigneur, si vous acceptez ces conditions.

Une violente colère intérieure contracta les traits du comte :

— Que signifie ce langage, s’écria-t-il ; comment osez-vous me proposer des conditions quand je n’ai qu’un signe à faire pour réduire vos remparts en ruines ?

— Monseigneur, répondit de Coninck, faites bien attention à mes paroles : les fossés de notre ville seront remplis des cadavres de vos soldats avant qu’un seul Français n’ait escaladé nos murs. Nous aussi nous ne manquons pas d’instruments de guerre, et les chroniques sont là pour vous prouver que les Brugeois savent mourir pour la liberté.

— Je sais, répondit le comte, que l’entêtement ne vous manquera pas. Mais je connais aussi la bravoure