Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/210

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mais lorsqu’il connut tout le contenu de la lettre, ce soupçon s’évanouit. Il demeura muet et réfléchit aux paroles imprudentes qu’il avait prononcées en entrant. Mathilde fut prise de pitié pour lui. En le voyant regarder si tristement le parchemin, elle regretta le reproche qu’elle venait de lui adresser ; elle s’approcha de lui, et lui dit, en souriant à travers ses larmes :

— Pardonnez-moi, messire Adolphe, et ne vous affligez pas. Ne croyez pas que je vous en veuille parce que vous m’avez annoncé trop de bonheur ; je sais les vœux ardents que vous formez pour une pauvre jeune fille. Croyez-moi, Adolphe, je ne suis pas une ingrate ; mon cœur est plein de reconnaissance pour votre généreux sacrifice.

— Ô noble Mathilde ! je puis vous prédire un grand bonheur. Non, ma joie n’est point passée : je connaissais le contenu de cette lettre, mais ce n’est pas de cela que je me réjouissais. Séchez vos larmes, comtesse ; je vous le répète, ne pleurez plus, car bientôt vous pourrez serrer votre père dans vos bras.

— Ô bonheur ! s’écria Mathilde, serait-il vrai ? Je verrais mon père et je lui parlerais ? Mais pourquoi me tourmenter, messire, pourquoi ne pas m’expliquer cette énigme ? Parlez et dissipez ces doutes de mon esprit.

— Une légère contrariété assombrit le beau visage du chevalier. Il eût volontiers donné à Mathilde les