Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/224

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part de maître de Coninck, avec un message pressé pour madame Mathilde de Béthune. Ne tardez pas, car la comtesse est en grand danger.

La servante qui était loin de soupçonner la trahison, tira les verroux, ouvrit la porte avec plus de hâte qu’elle n’en employait habituellement. Mais quelle ne fut pas sa stupéfaction en voyant entrer huit Français derrière le Flamand. Un cri perçant retentit jusqu’au fond des salles de la maison, et la domestique voulut se sauver par la fuite ; elle fut empêchée par messire de Cressines, et réduite au silence.

— Où est votre maîtresse Mathilde de Béthune ? demanda de Cressines avec un calme glacial.

— Il y a déjà deux heures que ma maîtresse s’est livrée au repos, et maintenant elle dort, bégaya la domestique effrayée.

— Allez auprès d’elle, dit l’officier, et dites lui de s’habiller ; car il faut qu’à l’instant elle quitte cette maison et parte avec nous.

La servante inquiète monta l’escalier à la hâte et éveilla la sœur d’Adolphe.

— Ô madame, s’écria-t-elle, levez-vous vite, votre demeure est pleine de soldats.

— Ciel ! que dites-vous ? des soldats dans notre demeure ; que veulent-ils ?

— Ils veulent à l’instant emmener la comtesse de Béthune. Je vous en prie, madame, levez-vous, car elle dort encore : je crains que les soldats n’entrent dans sa chambre.