Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/251

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ses bras nerveux. Une sueur fumante tombait à flots des joues des combattants, et leur souffle devenait brûlant et précipité. On voyait leur poitrine s’élever et descendre rapidement ; cependant on n’entendait que quelques sourdes imprécations entre des soupirs étouffés.

Après qu’ils se furent empoignés ainsi pendant quelque temps, le Français s’arc-bouta sur une jambe, jeta ses bras autour du corps de Breydel et lui déprima la tête avec une force si irrésistible que le Flamand chancela et pencha en avant. Sans lui donner le temps de se remettre et encouragé par cet avantage, Leroux redoubla d’efforts et Breydel fut obligé de fléchir les genoux sous ce violent ébranlement.

— Voilà déjà le Lion qui ploie les genoux, cria Leroux en assénant sur la tête de son antagoniste un si terrible coup que le sang lui en jaillit par la bouche. Mais ce coup même avait forcé le Français de lâcher Breydel d’une main. Au moment où Leroux leva le bras pour achever le Flamand, celui-ci sauta debout et recula de trois pas. Rapide comme l’éclair, il se rua en hurlant contre le Français et l’entoura de ses bras avec une telle rage qu’il fit craquer ses côtes dans sa poitrine ; mais celui-ci, agile et flexible comme un serpent, entrelaça ses membres autour du corps de Breydel avec une force qu’augmentait encore l’habitude et la science du pugilat. Le jeune