Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/261

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dats avaient sauté de leur lit, et, en un clin d’œil, il y en eut plus de cinquante habillés et armés. Leur nombre augmenta rapidement, les cris des Flamands avaient bien mieux éveillé les endormis que l’appel de la sentinelle.

Jean Breydel se trouvait dans le château avec une trentaine de ses compagnons à peine, quand une foule de gentilshommes et de soldats tombèrent sur eux. Au commencement, beaucoup de bouchers tombèrent, car ils n’avaient pas de cottes de mailles, et les flèches des Français pénétraient sans résistance dans leur corps. Mais cela ne dura pas longtemps ; quelques instants après tous les Flamands furent dans les murs.

— Voyez mes frères, cria Breydel, je commence la tuerie. Suivez-moi.

Comme une charrue qui se creuse elle-même un sillon dans la terre, ainsi Breydel se fit un chemin à travers les Français. Chaque coup de sa hache coûtait la vie à un ennemi, et le sang de ses victimes ruisselait par torrents sur son pourpoint. Les autres Flamands, aussi furieux que lui, tombèrent de tous côtés sur les soldats, et leurs cris de triomphe étouffèrent les cris d’agonie des Français mourants[1].

  1. Breydel revint à Bruges, raconta cela aux bouchers et à ses autres amis : ceux-ci, au nombre de sept cents, bien armés, se rendirent à Male où ils tuèrent le châtelain avec beau coup d’autres. (Annales de Bruges.)