Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/384

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moyennant bonne rançon. Demandez ce que vous voudrez ; fixez vous-même la somme. Ne refusez pas, je vous en prie.

— Vous entendez, mes gars ? dit-il à ses compagnons avec un rire ironique ; ils nous offrent de l’argent ! Ils croient que la vengeance d’un peuple peut se racheter à prix d’argent. Accepterons-nous ?

— Il nous faut le léliard ! hurlèrent les bouchers ; il faut qu’il meure, le traître ! le Flamand renégat !

Ces clameurs vinrent frapper les oreilles de de Gistel, qui, terrifié, croyait que les redoutables bouchers lui donnaient déjà le coup mortel. Le sire de Mortenay laissa se passer cette orageuse explosion de vengeance, et cria de nouveau :

— Vous m’avez dit que ma demeure serait un lieu franc ; pourquoi violez-vous la parole qui m’a été donnée ?

— Nous respecterons votre demeure, répondit Breydel, mais je vous assure que ni de Châtillon, ni de Gistel ne quitteront la ville en vie ; leur sang expiera le sang de nos frères, et nous ne partirons pas d’ici avant que nos haches ne leur aient donné le dernier coup.

— Et moi, suis-je libre de quitter la ville ?

— Vous, messire de Mortenay, vous et vos serviteurs, vous pouvez aller où bon vous semble, on ne touchera pas un cheveu de votre tête. Mais ne cherchez pas à nous tromper, car nous connaissons trop bien les hommes que nous cherchons.