Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/425

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renard sous un froc de moine[1]; il y a cependant deux ans que je le porte.

— Que notre bon ami Didier soit le bienvenu ! s’écrièrent d’une seule voix tous les chevaliers ; nous vous croyions mort depuis longtemps.

— Alors, vous pourriez remercier Dieu de ce que je sois ressuscité, dit Didier Devos ; mais non, je n’étais pas mort, nos frères prisonniers et messire de Nieuwland peuvent vous l’attester. Je leur ai porté à tous des consolations, car, comme prêtre voyageur, je pouvais visiter les captifs ; que le Seigneur me pardonne le latin que j’ai parlé ! J’apporte des nouvelles de tous nos infortunés compatriotes à leurs parents et à leurs amis.

Quelques-uns d’entre les chevaliers voulurent l’interroger sur le sort des prisonniers, mais il évita de répondre à leurs questions et poursuivit :

— Pour l’amour de Dieu, ne me demandez rien là-dessus, j’ai à vous parler de choses plus importantes. Écoutez et ne tremblez pas, car, tout en plaisantant, je vous apporte une triste nouvelle. Vous avez secoué le joug et reconquis votre liberté dans une grande lutte ; je regrette de n’avoir pu assister à cette fête. Honneur à vous, nobles chevaliers et bonnes gens, qui avez délivré la patrie : aussi je vous assure que si, d’ici à quinze jours, les Flamands n’ont pas de

  1. Rappelons que le mot devos signifie en flamand le renard.