Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/509

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— Pour l’amour de Dieu, monseigneur d’Artois, laissez-moi marcher en avant avec mes hommes ; n’exposez pas la fleur de la chevalerie française à périr par la main de ces manants de Flandre ; ce sont des gens que le désespoir a rendus furieux. Je connais leurs habitudes ; ils ont laissé leurs provisions de bouche en ville. Restez ici en bataille, et moi, avec ma cavalerie légère, je leur couperai la route de Courtray et les entretiendrai par de légères escarmouches. Les Flamands mangent beaucoup et durant tout le jour, — ils ont besoin de beaucoup de nourriture ; si nous leur coupons les vivres, la faim les chassera de leur position, et vous pourrez les attaquer ailleurs avec plus d’avantages. De cette façon, vous pourrez exterminer cette race maudite, sans répandre beaucoup de sang.

Le connétable de Nesle et plusieurs autres seigneurs approuvèrent ce conseil ; mais Robert, aveuglé par la colère, n’y voulut point prêter l’oreille et imposa silence à Jean de Barlas.

Tous ces préparatifs avaient pris du temps, il était déjà sept heures du matin, quand la cavalerie française se trouva à deux portées de fronde de l’ennemi. Le Mosscherbeek séparait les archers français des frondeurs flamands, de sorte qu’ils ne pouvaient se rapprocher et qu’il n’y eut que peu de morts des deux côtés. Le sénéchal d’Artois donna ordre d’attaquer à Raoul de Nesle, commandant du premier corps.