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article. Cette discussion, conformément à un vote du conseil, dont vous retrouverez les motifs dans l’un des premiers procès-verbaux, eut lieu officiellement en présence des chefs d’administration. Mais, à mesure qu’on entrait plus avant dans l’examen de cette importante matière, les difficultés se révélaient et les obstacles se multipliaient à chaque pas. Le conseil s’effrayait de la grandeur de la tâche qu’il avait entreprise et du peu de temps qu’il s’était réservé pour l’accomplir. Placé entre la crainte de faillir à un engagement solennel et le désir de ne produire qu’une œuvre à la hauteur de la grande question sociale qu’il avait à résoudre, il doutait par instants de lui-même et du résultat de ses travaux. Ces légitimes appréhensions, faites pour honorer une assemblée, étaient de nature cependant à produire dans les esprits un sentiment de découragement qui se manifesta surtout au moment du vote définitif sur l’ensemble du projet.

Les procès-verbaux vous rendront compte des perplexités du conseil à cet instant décisif. (Séance du 13 novembre.) Plusieurs membres voulaient que le vote fût ajourné et que le projet fût renvoyé à une nouvelle commission. Ils pensaient que le conseil avait assez témoigné de sa bonne foi en s’occupant officiellement et sans retard de l’accomplissement de sa promesse, et qu’on ne pourrait sans injustice lui reprocher quelques lenteurs inséparables d’une question d’un ordre aussi élevé.

Cette proposition était vivement combattue par ceux qui redoutaient les malveillantes interprétations auxquelles un ajournement pourrait donner prétexte.

Il est essentiel de bien prendre garde au sens de la question, telle qu’elle résultait de la discussion et telle qu’elle fut posée par le président, après une explication que vous trouverez relatée au procès-verbal et qui suffit pour écarter d’une manière péremptoire toute fausse interprétation. Il fut bien établi que le vote n’avait pour objet que l’appréciation du travail en lui-même et qu’il ne pouvait porter nulle atteinte aux résolutions antérieures du conseil, en un mot que c’était une question d’ajournement, et non une question de rejet, et que, si le résultat était négatif, il y aurait lieu à nommer immédiatement une nouvelle commission, ou