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description du phalanstère.

Ainsi, et pour en revenir à la question spéciale qui nous occupe, c’est donc délire et folie que de se proposer la solution de ce problème :

Trouver les conditions architecturales les plus convenables aux besoins de la vie individuelle et sociale, et constituer, d’après les exigences de ces conditions, le type de l’habitation d’une population de dix-huit cents personnes, — population qui correspond à l’unité d’exploitation du sol, et qui constitue la Commune rurale, c’est-à-dire l’Alvéole élémentaire de la grande ruche sociale.

Quoi donc, c’est folie et délire, cela ! et vous dites : cela est inoui, extravagant, irréalisable (c’est le grand mot) et vous parlez ainsi alors que vous avez sous les yeux, et à vous les crever encore ! des constructions logeant dix-huit cents hommes, et non pas fondées en terre ferme, sur roc, mais bien mobiles, mais filant sur I’ocean dix nœuds à l’heure et transportant leurs habitants de Toulon au Cap, du Cap à Calcutta, de Calcutta au Bresil et au Canada ! des constructions à dix-huit cents habitants, qui narguent les vents des grandes mers et les ouragans des tropiques, de braves et dignes vaisseaux de ligne, ma foi, épais de préceinte, hauts de mature, et carres de voilure, et parlant haut des deux bords avec leurs triples batteries de vingt-quatre et de trente-six, et mordant dur, encore, avec leurs grapins d’abordage !

Était-il donc plus facile de loger dix-huit cents hommes au beau milieu de l’océan, à six cents lieues de toute côte, de construire des forteresses flottantes, que de loger dans une construction unitaire dix-huit cents bons paysans en pleine Champagne ou bien en terre de Beauce ?

Mais voici un autre problème encore, et qui s’énonce en ces termes :