Page:Considérations sur la France.djvu/209

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infâmes, de quel agio scandaleux ces biens ont été l’objet. Le vice primitif et continué de l’acquisition est indélébile à tous les yeux ; ainsi le gouvernement françois ne peut ignorer qu’en pressurant ces acquéreurs, il aura l’opinion publique pour lui, et qu’il ne sera injuste que pour eux ; d’ailleurs, dans les gouvernemens populaires, même légitimes, l’injustice n’a point de pudeur ; on peut juger de ce qu’elle sera en France, où le gouvernement, variable comme les personnes, et manquant d’identité, ne croit jamais revenir sur son propre ouvrage en renversant ce qui est fait.

Il tombera donc sur les biens nationaux dès qu’il le pourra. Fort de la conscience, et (ce qu’il ne faut pas oublier) de la jalousie de tous ceux qui n’en possèdent pas, il tourmentera les possesseurs, ou par de nouvelles ventes modifiées d’une certaine manière, ou par des appels généraux en supplément de prix, ou par des impôts extraordinaires ; en un mot, ils ne seront jamais tranquilles.

Mais tout est stable sous un gouvernement stable ; en sorte qu’il importe même aux acquéreurs des biens nationaux que la