Page:Considérations sur la France.djvu/36

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mables ; tous ceux surtout qui sont honorés par le succès, nous les pardonnons, si même nous n’en faisons pas des vertus ; tandis que les qualités brillantes qui environnent le coupable, le noircissent aux yeux de la véritable justice, pour qui le plus grand crime est l’abus de ses dons.

Chaque homme a certains devoirs à remplir, et l’étendue de ces devoirs est relative à sa position civile et à l’étendue de ses moyens. Il s’en faut de beaucoup que la même action soit également criminelle de la part de deux hommes donnés. Pour ne pas sortir de notre objet, tel acte qui ne fut qu’une erreur ou un trait de folie de la part d’un homme obscur, revêtu brusquement d’un pouvoir illimité, pouvoit être un forfait de la part d’un évêque ou d’un duc et pair.

Enfin, il est des actions excusables, louables même suivant les vues humaines, et qui sont dans le fond infiniment criminelles. Si l’on nous dit, par exemple : J’ai embrassé de bonne foi la révolution françoise, par un amour pur de liberté et de ma patrie ; j’ai cru en mon âme et conscience, qu’elle amèneroit la réforme des abus et le