Page:Considérations sur la France.djvu/58

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En un mot, s’il ne se fait pas une révolution morale en Europe ; si l’esprit religieux n’est pas renforcé dans cette partie du monde, le lien social est dissous. On ne peut rien deviner, et il faut s’attendre à tout. Mais s’il se fait un changement heureux sur ce point, ou il n’y a plus d’analogie, plus d’induction, plus d’art de conjecturer, ou c’est la France qui est appelée à le produire.

C’est surtout ce qui me fait penser que la révolution françoise est une grande époque, et que ses suites, dans tous les genres, se feront sentir bien au-delà du temps de son explosion et des limites de son foyer.

Si on l’envisage dans ses rapports politiques, on se confirme dans la même opinion. Combien les puissances de l’Europe se sont trompées sur la France ! combien elles ont médité de choses vaines ! O vous qui vous croyez indépendans, parce que vous n’avez point de juges sur la terre, ne dites jamais : Cela me convient ; DISCITE JUSTITIAM MONITI ! Quelle main, tout à la fois sévère et paternelle, écrasoit la France de tous les fléaux imaginables, et soutenoit l’Empire par des moyens surnaturels, en tournant tous les efforts de ses ennemis contre eux-mêmes ?