Page:Considérations sur la France.djvu/89

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Mais comme on ne laisse pas que de mourir de temps en temps dans un tel intervalle ; que d’ailleurs on peut répéter les élections sur les mêmes têtes, et qu’une foule d’individus, de par la nature et le bon sens, seront toujours inhabiles à la représentation nationale, l’imagination est effrayée du nombre prodigieux de Souverains condamnés à mourir sans avoir régné.

Rousseau a soutenu que la volonté nationale ne peut être déléguée ; on est libre de dire oui et non, et de disputer mille ans sur ces questions de collège. Mais ce qu’il y a de sûr, c’est que le système représentatif exclut directement l’exercice de la souveraineté, surtout dans le système françois, où les droits du peuple se bornent à nommer ceux qui nomment ; où non-seulement il ne peut donner de mandats spéciaux à ses représentans, mais où la loi prend soin de briser toute relation entre eux et leurs provinces respectives, en les avertissant qu’ils ne sont point envoyés par ceux qui les ont envoyés, mais par la nation ; grand mot infiniment commode, parce qu’on en fait ce qu’on veut. En un mot, il n’est pas possible d’imaginer une législation mieux calculée