Page:Considerant - Bases de la politique positive, manifeste de l'école sociétaire fondée par Fourier.djvu/42

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Il est donc généralement certain à priori, pour nous qui refusons de croire qu’aucun homme soit absolument, nécessairement et fatalement dévolu au Mal par le fait de sa Naissance ou de sa Nature, et il doit être à priori, certain, sauf quelques cas exceptionnels, pour ceux qui croient seulement à l’existence de quelques natures fatalement condamnées au Mal par leur organisation, que tous les désordres, tous les vices, tous les crimes, et par

    trement qu’ils ne vivent, ne pensent et ne fonctionnent dans l’état ou dans le Mécanisme social actuel. On conçoit même que tel scélérat qui a librement commis les crimes dont il a effrayé la terre, aurait pu, tout aussi librement, faire un homme très-vertueux, très-utile à l’Humanité, s’il fût né seulement dans une autre famille, s’il eût reçu une autre éducation, enfin s’il se fût trouvé environné de circonstances sociales favorables au développement harmonique de sa nature, c’est-à-dire des circonstances qui eussent engagé ses intérêts et dirigé son activité et ses passions dans la voie du bien, au lieu de les engager dans une voie subversive. Ainsi le simple changement de la position de l’individu, dans le Mécanisme social où il est né, suffit déjà pour changer absolument ses idées, ses croyances, ses mœurs, c’est-à-dire sa moralité et sa vie : tout cela est incontestable.
    Il y a donc pour l’Homme considéré comme être social, des conditions favorables ou défavorables au développement de la Moralité ; comme il y a pour l’Homme, considéré au physique, des conditions favorables ou défavorables au développement de la Vie, de la Force, de la Santé : il est certain, en outre, que les circonstances qui enveloppent l’immense majorité des hommes dans la Société actuelle sont très-peu favorables au développement de leur pleine Moralité.