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III


LES DÉPUTÉS NE DOIVENT PAS ÊTRE SALARIÉS.

Lorsqu’un salaire est attaché aux fonctions représentatives, ce salaire devient bientôt l’objet principal. Les candidats n’aperçoivent dans ces fonctions augustes que des occasions d’augmenter ou d’arranger leur fortune, des facilités de déplacement, des avantages d’économie. Les électeurs eux-mêmes se laissent entraîner à une sorte de pitié de coterie, qui les engage à favoriser l’époux qui veut se mettre en ménage, le père malaisé qui veut élever ses fils ou marier ses filles dans la capitale. Les créanciers nomment leurs débiteurs ; les riches, ceux de leurs parents qu’ils aiment mieux secourir aux dépens de l’État qu’à leurs propres frais. La nomination faite, il faut conserver ce qu’on a obtenu, et les moyens ressemblent au but. La spéculation s’achève par la flexibilité ou par le silence.

Payer les représentants du peuple, ce n’est pas leur donner un intérêt à exercer leurs fonctions avec scrupule, c’est seulement les intéresser à se conserver dans l’exercice de ces fonctions.

D’autres considérations me frappent.